La RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) n’est plus une option. Pour les grandes comme les petites entreprises, structurer une communication ESG devient incontournable. Mais entre la directive CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) et la norme VSME (Voluntary Sustainability Reporting Standard for non-listed SMEs), il peut être difficile de s’y retrouver.
Ces deux cadres de reporting poursuivent des objectifs différents :
- La CSRD impose une démarche obligatoire, rigoureuse, structurée selon les normes ESRS, destinée aux grandes entreprises et aux PME cotées.
- La VSME, au contraire, propose une démarche volontaire, simplifiée, conçue spécifiquement pour les PME non cotées.
Si votre entreprise ne sait pas encore par où commencer, ce comparatif clair et structuré vous aidera à identifier le cadre le plus adapté à vos ressources, vos obligations et vos ambitions.
Rappel des fondamentaux : CSRD et VSME en bref
La CSRD est une directive européenne entrée en vigueur en 2024. Elle impose un reporting de durabilité obligatoire à plus de 50 000 entreprises en Europe, selon un calendrier progressif. Ce reporting doit être conforme aux 12 normes ESRS (Environnement, Social, Gouvernance), et répondre à des exigences précises en matière de double matérialité, de justification narrative, de pilotage et d’audit.
👉 Pour en savoir plus, consultez notre fiche sur les normes ESRS ou les articles détaillés comme ESRS 1 – Principes généraux ou ESRS E1 – Changement climatique.
La VSME, quant à elle, est une norme publiée par l’EFRAG en décembre 2024. Elle s’adresse aux PME non cotées (moins de 250 salariés), qui ne sont pas concernées par la CSRD. Elle repose sur une logique modulaire : un module de base avec 11 divulgations essentielles, et un module complet pour aller plus loin. Son objectif ? Permettre aux petites entreprises de structurer leur stratégie ESG sans complexité, à leur rythme.
Narration et audit : deux visions opposées de la transparence
La CSRD exige une narration poussée, justifiant chaque choix stratégique, chaque indicateur, chaque objectif. L’entreprise doit produire un rapport argumenté, appuyé par des données vérifiables, et validé par un audit externe dans de nombreux cas.
La VSME, elle, laisse le choix. Le module basique se concentre sur les indicateurs clés, tandis que le module complet autorise une narration plus libre, plus humaine, plus proche de la réalité terrain. L’objectif n’est pas d’atteindre une perfection formelle, mais de montrer une trajectoire sincère, documentée, crédible.
Et surtout, aucun audit externe n’est requis dans la VSME. Cela permet de limiter les coûts, tout en gardant la main sur son propre niveau d’engagement.
La CSRD : un reporting ESG obligatoire et structurant
La CSRD est une directive européenne qui remplace progressivement la NFRD. Elle rend obligatoire la publication d’informations ESG pour les grandes entreprises, selon les normes ESRS (European Sustainability Reporting Standards).
Elle s’adresse à :
- Toutes les grandes entreprises (+250 salariés, 40M€ CA, 20M€ bilan)
- Les entreprises cotées (y compris les PME cotées, à partir de 2026)
- Certaines entreprises non européennes ayant une activité significative dans l’UE
La CSRD impose un reporting complet, avec :
- Analyse de double matérialité (impact de l’entreprise sur son environnement, et inversement)
- Présentation d’objectifs chiffrés, indicateurs, politiques, risques
- Audits externes obligatoires
- Publication dans le rapport de gestion
C’est un cadre robuste, conçu pour renforcer la comparabilité, la fiabilité et la transparence des données de durabilité. Mais il reste lourd, technique et coûteux pour les petites structures.
La VSME : un cadre volontaire, conçu pour les PME non cotées
Face à la complexité de la CSRD, l’EFRAG a conçu en parallèle la norme VSME, destinée aux PME non cotées, pour les aider à structurer leur reporting ESG sur une base volontaire.
Deux modules sont proposés :
- Le module basique, composé de 11 divulgations simples (indicateurs environnementaux, sociaux et de gouvernance)
- Le module complet, plus narratif et stratégique, avec 9 thématiques supplémentaires (modèle d’affaires, risques climatiques, gouvernance…)
La VSME n’est pas obligatoire, mais elle présente plusieurs intérêts majeurs pour les petites structures :
- Créer une culture ESG en interne
- Faciliter l’accès aux marchés (clients grands comptes, appels d’offres)
- Se préparer progressivement à la CSRD
- Valoriser sa démarche RSE de manière claire et structurée
C’est un outil pédagogique, souple et proportionné, conçu pour accompagner les PME, sans les submerger.
VSME vs CSRD : tableau comparatif
Simplicité contre exhaustivité : deux logiques opposées
Le grand avantage de la VSME, c’est qu’elle a été pensée par et pour les PME. Son langage est clair, ses exigences sont proportionnées, et sa structure modulaire permet de commencer petit, puis de monter en puissance.
À l’inverse, la CSRD propose une exhaustivité maximale. Elle repose sur la double matérialité (impact de l’entreprise sur l’environnement et inversement), impose une justification narrative poussée, et prévoit un audit externe dans de nombreux cas. C’est un standard exigeant, mais adapté aux grands groupes et aux entreprises qui ont déjà une gouvernance formalisée.
Cela ne signifie pas que la VSME est “moins sérieuse” : elle permet une montée en maturité progressive, sans brûler les étapes.
Quelle approche pour votre entreprise ?
La réponse dépend de votre situation :
- Si vous êtes soumis à la CSRD, vous devez vous conformer aux normes ESRS.
- Si vous êtes une PME non cotée, la VSME est une excellente porte d’entrée pour commencer à structurer votre communication ESG.
En adoptant dès maintenant la VSME, vous :
- Initiez une culture de durabilité
- Bénéficiez d’un cadre lisible et pédagogique
- Anticipez les attentes du marché
- Et facilitez une future transition vers des normes plus exigeantes si besoin.
Le bon choix, c’est celui qui fait progresser votre entreprise
Au-delà de la conformité, le choix entre VSME et CSRD est aussi une question de stratégie d’entreprise. Il s’agit de se doter d’un outil qui vous aide réellement à avancer, à structurer vos démarches, à embarquer vos équipes et à convaincre vos partenaires.
Pour de nombreuses PME, la VSME est un excellent tremplin : elle permet d’évoluer sans pression, de documenter ses efforts, et de se préparer à des exigences futures. Pour les entreprises déjà avancées ou soumises à des obligations réglementaires, la CSRD peut offrir un cadre de transformation en profondeur, à condition d’y consacrer les ressources nécessaires.
En conclusion
Alors que la CSRD s’impose progressivement comme un nouveau standard de transparence pour les grandes entreprises, la VSME représente une réponse adaptée aux réalités et contraintes des petites structures. Là où la CSRD impose un cadre normatif rigoureux, détaillé et souvent complexe, la VSME propose une alternative volontaire, modulable et accessible, pensée pour permettre aux PME d’entrer dans la logique de durabilité à leur rythme.
Il ne s’agit pas d’opposer deux modèles, mais bien de comprendre leur complémentarité. La CSRD fixe un cap ambitieux pour les grandes organisations, avec un reporting standardisé, intégré et vérifié. La VSME, quant à elle, offre un premier socle structurant, plus souple, qui permet à des entreprises non cotées de formaliser leur engagement ESG sans complexité excessive, tout en préparant un éventuel futur alignement avec les normes européennes.
Dans un contexte où les chaînes de valeur deviennent interconnectées, où les donneurs d’ordre demandent plus de transparence à leurs fournisseurs, et où la responsabilité sociétale devient un critère de différenciation, se préparer à structurer son reporting, même de manière volontaire, devient un enjeu stratégique.
La VSME permet cela. Elle donne aux PME les moyens de mieux se connaître, de mieux dialoguer avec leurs parties prenantes, et de mieux valoriser leurs efforts réels. C’est une logique de progrès, pas de contrainte. Et pour les structures qui anticipent, cette logique est souvent une source d’agilité, de crédibilité et de compétitivité.
➡️Pour mieux comprendre la différence entre la norme CSRD et VSME, nous vous proposons de télécharger notre fiche pratique « CSRD vs VSME » ici.