ESRS 2 (CSRD) : structurer son reporting de durabilité

Dans le cadre de la directive CSRD, les entreprises doivent publier un rapport de durabilité répondant à des exigences précises. Ce cadre repose sur un ensemble de normes européennes : les ESRS (European Sustainability Reporting Standards). Si certaines de ces normes abordent des thématiques spécifiques comme le climat ou le social, une autre joue un rôle central, bien qu’elle soit souvent méconnue : l’ESRS 2.

Cette norme transversale et obligatoire établit les règles de base pour toute communication extra-financière. Elle permet à une entreprise de raconter son histoire de durabilité de manière structurée, lisible et crédible. Cet article vous guide à travers les grands principes de l’ESRS 2, son utilité pour les PME, et les étapes concrètes pour s’en inspirer, même sans obligation réglementaire.

Pourquoi l’ESRS 2 est une norme incontournable

L’ESRS 2 définit le contenu minimum des informations générales que toutes les entreprises concernées par la CSRD doivent fournir. Elle ne s’intéresse pas à un thème précis, mais à la manière dont l’entreprise organise, pilote et intègre sa stratégie de durabilité. Elle est donc le socle de tout reporting RSE conforme.

À travers cette norme, les autorités européennes souhaitent garantir que les rapports de durabilité ne soient pas de simples compilations d’indicateurs, mais des documents cohérents, reliés à la réalité stratégique de l’entreprise. L’ESRS 2 agit comme une colonne vertébrale : elle permet de structurer le récit et de donner du sens aux données publiées.

Que contient l’ESRS 2 ?

L’ESRS 2 est organisée autour de quatre blocs d’informations clés, applicables à toutes les entreprises soumises à la CSRD. Ces blocs définissent ce que chaque entreprise doit expliquer pour rendre son engagement crédible.

1. Gouvernance

Le premier bloc concerne la structure de gouvernance liée à la durabilité. L’entreprise doit préciser qui est responsable du pilotage de la stratégie RSE. Cela inclut les organes décisionnels, les rôles attribués, la fréquence des discussions sur le sujet et le niveau d’implication de la direction.

L’objectif est de démontrer que les enjeux durables ne sont pas traités comme secondaires, mais intégrés à la gouvernance stratégique.

2. Stratégie

Ce bloc invite l’entreprise à présenter son modèle d’affaires, sa vision RSE, ses risques et opportunités liés à la durabilité, ainsi que sa raison d’être, si elle en possède une. C’est ici que l’articulation entre performance économique et impact environnemental ou social doit être clarifiée.

C’est une section essentielle pour comprendre comment la durabilité influence les choix stratégiques et les perspectives de l’entreprise.

3. Gestion des impacts, risques et opportunités

L’entreprise doit expliquer comment elle identifie ses impacts significatifs, positifs ou négatifs, sur l’environnement et la société. Elle doit également présenter les risques et opportunités ESG susceptibles d’affecter ses performances financières.

L’analyse de double matérialité est au cœur de ce bloc. Elle permet de relier enjeux RSE et enjeux économiques, en intégrant aussi les attentes des parties prenantes.

4. Indicateurs, cibles et performance

Dernier pilier : la présentation des objectifs stratégiques de durabilité, des indicateurs retenus pour mesurer les progrès, et de l’état d’avancement. Ce bloc permet de passer du récit aux faits, de l’intention à l’évaluation concrète.

L’entreprise doit montrer qu’elle ne se contente pas de discours, mais qu’elle mesure ses actions et ajuste sa trajectoire.

Quel est l’objectif global de cette norme ?

L’ESRS 2 vise à garantir un socle narratif commun, pour que chaque rapport de durabilité soit lisible, structuré et comparable. Grâce à elle, les parties prenantes peuvent mieux comprendre l’approche de l’entreprise, ses priorités, ses choix, et l’organisation mise en place pour piloter les enjeux RSE.

Cette norme améliore la transparence, la cohérence et la pertinence des informations publiées. Elle constitue un outil de lecture précieux pour les investisseurs, les clients, les salariés, mais aussi les administrations et les ONG.

Et pour les TPE/PME, à quoi ça sert ?

Même si les TPE et PME ne sont pas immédiatement concernées par la CSRD, l’ESRS 2 représente une opportunité stratégique. Elle leur offre une grille de lecture simple et applicable pour structurer leur engagement durable.

Voici les principaux avantages d’une démarche alignée avec l’ESRS 2 :

  • Organiser sa réflexion RSE sur des bases solides
  • Renforcer la crédibilité de ses actions face aux partenaires
  • Préparer un reporting simplifié et anticiper les futures obligations
  • Mieux répondre aux attentes des donneurs d’ordre
  • Impliquer plus efficacement la direction et les équipes

C’est une façon pragmatique de professionnaliser sa stratégie RSE, même sans contraintes réglementaires.

Comment s’inspirer de l’ESRS 2 dans une petite entreprise ?

Il est tout à fait possible d’appliquer les principes de l’ESRS 2 de manière simplifiée dans une TPE ou une PME. Voici une méthode accessible pour démarrer.

Étape 1 : Identifier la gouvernance RSE

Commencez par désigner clairement qui porte la démarche. Il peut s’agir du dirigeant, d’un salarié volontaire, ou d’un petit comité informel. L’important est de formaliser les rôles et d’assurer une continuité dans le pilotage.

Étape 2 : Poser les bases de la stratégie

Formulez une note synthétique expliquant pourquoi vous vous engagez en RSE, sur quels axes (environnement, social, relations clients, etc.), et avec quels objectifs à court et moyen terme. Cette vision guidera toutes vos actions.

Étape 3 : Réaliser une analyse de matérialité

Même simple, cette analyse est essentielle. Elle doit permettre d’identifier les enjeux qui comptent pour vos parties prenantes (clients, salariés, partenaires) et ceux qui peuvent affecter vos résultats. Des ateliers, des questionnaires ou des retours clients peuvent suffire.

Étape 4 : Fixer des objectifs prioritaires

Sélectionnez deux à quatre thèmes prioritaires et définissez des objectifs clairs et mesurables. Par exemple : réduire la consommation d’énergie de 20 %, organiser une formation RSE pour l’équipe, augmenter la part de fournisseurs responsables.

Étape 5 : Suivre les résultats dans le temps

Construisez un mini tableau de bord avec quelques indicateurs-clés. Cela peut être la consommation d’électricité, le taux de satisfaction client, le nombre de collaborateurs formés, etc. Suivre ces données régulièrement vous aidera à progresser et à piloter votre stratégie.

En résumé

L’ESRS 2 est bien plus qu’une norme administrative. C’est un outil stratégique pour structurer et crédibiliser sa démarche de durabilité. En adoptant ses principes, même de façon simplifiée, une PME se donne les moyens de clarifier ses engagements, de mieux les piloter, et de dialoguer plus efficacement avec ses parties prenantes.

En faisant de l’ESRS 2 une boussole, une entreprise prend une longueur d’avance. Elle organise son récit, donne du sens à ses actions, et crée les conditions d’un reporting durable fiable, même sans y être encore contrainte.

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