La norme VSME n’a pas été conçue comme un outil réservé aux experts ou aux multinationales. Elle vise avant tout à fournir aux PME non cotées une grille de lecture claire et réaliste pour structurer leurs premiers pas en matière de reporting ESG. Au cœur de ce dispositif, le module basique VSME tient une place essentielle : il propose 11 divulgations standardisées, réparties entre les trois piliers classiques de la RSE — environnement, social et gouvernance.
Contrairement aux exigences plus poussées de la directive CSRD (et des normes ESRS comme ESRS E1 sur le climat ou ESRS S1 sur les effectifs), la VSME version “module basique” permet à une petite entreprise de rendre compte de ses engagements ESG sans complexité inutile, avec des indicateurs concrets, opérationnels, et souvent déjà disponibles en interne.
À quoi sert le module basique de la VSME ?
Le module basique a plusieurs objectifs :
- Fournir une première grille de lecture ESG à destination des PME,
- Proposer un format standardisé et compréhensible pour tous les interlocuteurs externes (clients, financeurs, collectivités…),
- Encourager la structuration progressive d’une démarche RSE, sans surcharger l’entreprise de données,
- Offrir une base commune de transparence, sur laquelle s’appuyer pour aller plus loin (ex : module complet ou CSRD à terme).
Ce module est entièrement volontaire, mais son adoption peut faciliter l’accès à des marchés publics, des partenariats ou des financements durables
Les 11 divulgations du module basique
Le module basique propose 11 divulgations, réparties selon les trois piliers classiques de la durabilité : Environnement, Social, Gouvernance.
1-2 . Informations générales
- La première divulgation concerne le profil de l’entreprise : son secteur d’activité, sa taille, son périmètre de reporting (consolidé ou individuel), et les labels ou reconnaissances obtenus (type Lucie, B Corp, Ecovadis…).
Cela permet de poser le contexte, et d’indiquer le niveau d’engagement déjà atteint. - Pratiques et politiques de transition bas-carbone : l’entreprise décrit ses actions concrètes pour réduire ses impacts environnementaux ou améliorer ses performances (ex. : politique d’achats responsables, stratégie d’éco-conception, plan d’action sur les émissions…).
3 à 7. Environnement : mesurer son empreinte et ses efforts de transition
Cinq divulgations sont consacrées à l’environnement, avec une montée en précision :
- Consommation d’énergie et émissions de GES : il s’agit ici de fournir des données ventilées (par type d’énergie), les émissions de gaz à effet de serre (Scope 1 et 2), et l’intensité carbone (exprimée en lien avec l’activité).
- Pollution de l’air, de l’eau et des sols : cette divulgation concerne les polluants émis, si l’activité en génère (ex. : solvants, métaux lourds, particules…).
- Biodiversité : l’entreprise indique si elle détient ou gère des terrains situés à proximité de zones sensibles (ex. : zones naturelles protégées), et leur superficie.
- Gestion de l’eau : il est demandé de déclarer les prélèvements totaux, et d’indiquer si l’eau est prélevée dans des zones à fort stress hydrique.
- Ressources, déchets et économie circulaire : cette dernière divulgation environnementale permet de décrire la stratégie de réduction des déchets, le volume produit et la part recyclée ou valorisée chaque année.
Ces indicateurs sont volontairement centrés sur les postes les plus courants d’impact environnemental dans les PME, sans complexité technique excessive.
8 à 10. Social : observer ses engagements humains
Trois divulgations sociales permettent de suivre des dimensions clés des conditions de travail et de l’équité :
- Main d’œuvre : nombre de salariés, en équivalents temps plein (ETP), et taux de turnover (obligatoire pour les entreprises de plus de 50 salariés).
- Santé et sécurité : taux d’accidents du travail, décès liés à des risques professionnels, ainsi que les actions de prévention mises en place.
- Rémunération, négociation collective, formation : l’entreprise précise la part de salariés rémunérés au-dessus du SMIC, l’éventuel écart de rémunération entre hommes et femmes (si > 150 salariés), et les dispositifs de formation mis en place.
Ces indicateurs permettent de montrer, avec clarté, si l’entreprise agit pour des conditions de travail durables et inclusives.
11. Gouvernance : transparence et éthique au programme
La dernière divulgation porte sur la conduite des affaires. Elle invite à déclarer :
- Le nombre de condamnations,
- Et le montant total des amendes liées à des violations des lois anticorruption ou des règles éthiques.
Cet indicateur, inspiré de la norme ESRS G1, vise à renforcer la confiance et la transparence dans la gouvernance d’entreprise, même pour des structures de petite taille.
Ces 11 indicateurs sont relativement simples à collecter, surtout pour une entreprise qui suit déjà un minimum d’indicateurs RH, financiers ou environnementaux.
Une structure lisible pour un reporting cohérent
En structurant ces 11 divulgations autour des piliers ESG classiques, le module basique permet à l’entreprise :
- De parler le même langage que ses partenaires (investisseurs, banques, donneurs d’ordre),
- De valoriser ses actions existantes, même modestes,
- Et de poser les bases d’une amélioration continue, sans se décourager.
L’objectif n’est pas de produire un “rapport parfait”, mais d’initier une dynamique sincère, progressive, et crédible. C’est ce que la VSME offre à travers ce module fondamental : un tremplin, pas un obstacle.
Comment utiliser concrètement le module basique ?
- Téléchargez le modèle proposé par l’EFRAG
- Collectez les 11 données demandées, en impliquant les personnes concernées (RH, production, direction…)
- Présentez-les sous une forme lisible (fiche PDF, note d’impact, tableau Excel, mini rapport…)
- Ajoutez des commentaires narratifs, même simples, pour contextualiser vos données.
- Diffusez ce reporting en interne et auprès de vos parties prenantes clés.
Et après ? Le module basique comme tremplin vers une démarche complète
Le module basique n’est pas une fin en soi. C’est un socle sur lequel vous pouvez :
- Construire un plan d’actions RSE priorisé,
- Candidater à des labels (Positive Workplace, Lucie, etc.),
- Répondre à des appels d’offres exigeant une preuve d’engagement ESG,
- Préparer une future mise en conformité avec la CSRD.
Si votre entreprise souhaite aller plus loin, le module complet de la VSME permet d’enrichir ce reporting avec des éléments narratifs, stratégiques et plus poussés. Voir notre article sur le module complet VSME
En conclusion
Dans un contexte où les entreprises sont de plus en plus sollicitées sur leur impact social et environnemental, le module basique de la VSME apparaît comme une réponse concrète, pragmatique et rassurante pour les TPE et PME. Là où les grandes normes de reporting peuvent sembler inaccessibles ou déconnectées de la réalité terrain, la VSME propose un cadre volontaire, lisible et progressif, pensé pour celles et ceux qui veulent commencer simplement, mais sérieusement.
En structurant les 11 divulgations autour de thématiques clés (énergie, déchets, diversité, gouvernance…), le module basique offre un point d’entrée réaliste vers la durabilité. Il ne cherche pas à standardiser de force, mais à donner à chaque entreprise un langage commun pour parler de ses engagements, ses pratiques, et ses marges de progression. Et surtout, il permet de transformer des efforts souvent dispersés ou invisibles en données valorisables, compréhensibles et mobilisables dans vos relations commerciales, vos candidatures à des financements, ou vos appels d’offres.
Pour de nombreuses PME, adopter ce module, c’est reprendre le contrôle de son récit RSE. C’est pouvoir dire avec justesse : “voici ce que nous faisons, où nous en sommes, et ce que nous voulons améliorer”. Ni plus, ni moins. C’est aussi une façon de préparer l’avenir, sans attendre d’être rattrapé par la réglementation (comme la CSRD), les exigences clients ou les pressions du marché. En choisissant aujourd’hui de structurer un reporting simple et cohérent, vous vous placez déjà dans une dynamique de transition positive, crédible et valorisable.
Et si demain vous souhaitez aller plus loin, vous pourrez toujours enrichir ce socle avec le module complet, plus narratif et stratégique. Mais pour commencer, le module basique est une excellente fondation : accessible, opérationnelle, immédiatement mobilisable. C’est une première marche vers une entreprise plus alignée, plus transparente, et plus résiliente.
➡️Pour aller plus loin, retrouvez notre fiche pratique sur le Module de Base VSME – il vous permettra d’y voir plus clair, et synthétise toutes les informations.