Mettre en place une stratégie RSE quand on est une petite entreprise peut sembler complexe. Et pourtant, c’est justement à cette échelle que l’impact peut être le plus visible, le plus sincère… et le plus rapide. C’est dans cette logique qu’ont été conçus les modules VSME pour mettre en place une démarche RSE : deux étapes claires, accessibles et accompagnées, pensées pour les très petites entreprises.
Pourquoi une approche RSE spécifique aux PME ?
Les TPE représentent une grande part des entreprises françaises. Pourtant, la majorité des outils, guides ou référentiels RSE s’adressent encore aux grandes structures. Résultat : beaucoup de dirigeants de petites entreprises se sentent exclus ou dépassés.
Et pourtant :
- Le lien avec le territoire est plus direct,
- Les décisions se prennent plus vite,
- Les équipes sont plus proches du terrain,
- Et chaque geste a un impact mesurable.
L’un des grands freins rencontrés par les PME en matière de RSE, c’est la complexité perçue des standards. Entre les exigences techniques, les indicateurs multiples, les calculs d’empreinte ou les notions de double matérialité, beaucoup de petites structures se sentent rapidement dépassées. La norme VSME (Voluntary Sustainability Reporting Standard for non-listed SMEs), pensée pour les PME non cotées, vient répondre à cette difficulté par un principe simple mais puissant : celui de la modularité.
Autrement dit, la VSME ne propose pas un standard unique, uniforme, rigide. Elle met à disposition deux niveaux de reporting – un socle fondamental, et un module plus avancé – que chaque entreprise peut choisir selon ses ressources, sa maturité et ses objectifs. Cette approche progressive permet de rendre la RSE plus accessible, sans sacrifier la rigueur ni la crédibilité.
Le module de base : poser les fondations sans complexité
Le module de base constitue la porte d’entrée recommandée pour toutes les PME qui débutent dans le reporting de durabilité. Il a été conçu pour fournir une trame minimale, mais structurée, autour de 11 indicateurs répartis selon les trois grands piliers ESG : environnement, social et gouvernance.
Ce module couvre notamment :
- Les émissions de gaz à effet de serre, limitées aux scopes 1 et 2 (donc sans inclure la chaîne de valeur complexe du scope 3),
- Les consommations d’énergie,
- Des éléments de base sur la gestion sociale et les principes de gouvernance.
À la différence de la directive CSRD, ce module n’impose pas d’analyse de double matérialité, ce qui simplifie considérablement la tâche pour les petites structures. L’entreprise peut en outre choisir les indicateurs qu’elle juge pertinents pour son activité, ce qui lui évite de se perdre dans une grille standardisée non adaptée.
Ce socle est donc idéal pour les TPE et PME non cotées qui souhaitent entamer une démarche RSE crédible, sans pression réglementaire ni surcharge documentaire. Il fait écho à l’approche volontaire que nous avions déjà développée dans l’article sur “Qu’est-ce que la VSME ?”.
Le module complet : approfondir, structurer, valoriser.
Le module complet est destiné aux PME plus avancées dans leur démarche RSE, ou à celles qui souhaitent aller au-delà du strict minimum pour répondre aux attentes de clients, partenaires ou investisseurs.
Il repose sur la base posée par le module initial, et permet d’intégrer :
- La formalisation de modèles d’affaires durables,
- Les politiques de diversité, inclusion, équité
- Les risques climatiques et les stratégies d’adaptation,
- Les actions de réduction d’émissions au-delà du scope 2,
- Une dimension plus narrative, permettant de valoriser les engagements et les progrès réalisés.
Ce module est pensé pour des entreprises matures ou exposées à des exigences spécifiques. C’est souvent le cas pour des PME industrielles exportatrices, ou positionnées dans des chaînes de valeur pilotées par des grands groupes soumis à la CSRD (voir notre fiche sur ESRS S2 – Chaîne de valeur).
Mais attention : ce n’est pas un passage obligé. Ce module reste entièrement optionnel. Il n’est recommandé que si l’entreprise est déjà structurée en interne pour documenter et suivre ses actions sur le long terme.
Une logique d’évolution progressive, et non de conformité rigide
L’un des mérites majeurs de cette architecture modulaire, c’est qu’elle respecte la réalité des ressources disponibles dans les PME. Il ne s’agit pas d’imposer un standard unique à toutes les structures, mais de permettre à chacune de construire un reporting à son rythme, tout en assurant une cohérence minimale entre les entreprises.
Cette logique est cohérente avec la philosophie européenne de la transition durable par les moyens adaptés. Là où la CSRD impose un cadre très rigoureux (voir nos articles sur les 12 normes ESRS), la VSME préfère accompagner, guider, simplifier. Et c’est précisément cette souplesse qui peut faire la différence pour les dirigeants de TPE/PME qui veulent avancer… sans s’écrouler sous la charge.
Une logique pédagogique pour embarquer toute l’entreprise
Au-delà de sa valeur technique, la structure à deux modules de la VSME joue un rôle fortement pédagogique. Elle permet aux dirigeants de PME d’impliquer progressivement leurs équipes dans une logique d’amélioration continue, sans imposer d’emblée un reporting complexe. Le module de base devient alors un outil de sensibilisation interne, qui aide à structurer les priorités, à documenter les premiers indicateurs, et à donner de la visibilité aux efforts déjà réalisés. À mesure que la culture RSE se développe en interne, le module complet peut servir de cadre structurant pour formaliser une stratégie durable. Cette dynamique en deux temps facilite l’appropriation du sujet par tous les métiers de l’entreprise, des fonctions RH à la production, en passant par la finance ou la direction commerciale. En cela, la VSME n’est pas seulement une norme : c’est un outil de pilotage simple et progressif, conçu pour faire grandir les PME à leur propre rythme.
En résumé : une réponse calibrée aux réalités du terrain
La structure modulaire de la VSME représente bien plus qu’un détail technique : c’est un choix politique et stratégique. Elle montre qu’il est possible d’avoir un standard volontaire, crédible et accessible à la fois. Elle permet de démystifier la RSE pour les petites entreprises, et d’ouvrir la voie à un reporting progressif,sans perdre de vue les objectifs de transformation.
Pour les entreprises qui démarrent, le module de base est un excellent point d’ancrage. Pour celles qui veulent aller plus loin, le module complet offre des outils pertinents. Et pour toutes, la VSME permet de concilier engagement et pragmatisme, sans tomber dans le piège d’un reporting déconnecté du réel.
➡️Pour aller plus loin, découvrez notre fiche pratique sur les deux modules VSME ci-dessous.