Une entreprise n’est jamais isolée. Elle modifie son environnement, influence la vie locale, transforme les équilibres sociaux et économiques. C’est pour mieux mesurer et encadrer ces impacts que la norme ESRS S3 communautés affectées a été introduite dans le cadre de la directive européenne CSRD.
Ce reporting social élargi impose désormais aux entreprises d’analyser leurs effets sur les territoires et populations voisines. Une opportunité pour construire une RSE plus ancrée, plus juste, plus cohérente.
L’entreprise comme acteur territorial
Qu’elle soit en zone urbaine, rurale ou industrielle, chaque entreprise interagit avec un tissu humain : riverains, commerçants, élus, écoles, associations, agriculteurs, usagers, etc.
Jusqu’à présent, ces interactions n’étaient que rarement documentées. L’ESRS S3 communautés affectées change la donne : elle impose de rendre compte des effets sociaux externes d’une activité économique. Pollution, nuisances, tensions foncières, mais aussi emplois créés, services rendus, projets solidaires… tout doit être pris en compte.
Que demande la norme ESRS S3 ?
L’ESRS S3 fait partie des normes sociales de la CSRD. Elle impose de :
- Identifier les communautés humaines impactées par l’activité, même sans lien contractuel
- Analyser les effets sociaux réels ou potentiels (positifs comme négatifs)
- Mettre en place des mesures correctives, de prévention ou de compensation
- Établir un dialogue structuré avec les parties prenantes locales
- Documenter les actions menées et les intégrer dans le reporting RSE
Il ne s’agit plus d’agir de manière ponctuelle ou caritative, mais bien de piloter une stratégie sociale territoriale structurée.
Pourquoi cette norme est stratégique
L’ESRS S3 transforme la manière de penser la responsabilité sociétale. Elle élargit le périmètre du reporting à des personnes que l’on ne voyait pas jusqu’ici. Et elle pousse les entreprises à sortir d’une posture strictement interne pour s’ancrer durablement dans leur territoire.
Elle valorise :
- Les coopérations locales (partenariats, mécénat, projets solidaires)
- Les efforts d’intégration territoriale (concertation, emploi local, urbanisme partagé)
- La transparence sociale (dialogue avec les élus, les riverains, les associations)
C’est un levier fort de différenciation, notamment pour les PME bien implantées localement.
Mettre en œuvre l’ESRS S3 : 5 étapes concrètes
Voici comment appliquer cette norme de façon rigoureuse et adaptée à votre activité :
1. Identifier les communautés affectées
- Riverains de sites de production
- Habitants proches d’un entrepôt, d’une carrière, d’un centre logistique
- Agriculteurs voisins
- Associations locales
- Collectivités territoriales
- Usagers des services impactés (routes, réseaux, foncier…)
2. Évaluer les impacts
- Bruit, pollution, embouteillages, artificialisation des sols
- Risques industriels, tensions immobilières, précarité énergétique
- Mais aussi : créations d’emplois, soutien à l’économie locale, revitalisation de zones rurales
3. Organiser le dialogue
- Réunions d’information
- Enquêtes publiques
- Comités locaux de suivi
- Partenariats avec les collectivités ou associations
4. Prendre des mesures correctives
- Réduction des nuisances
- Aménagements paysagers ou de voirie
- Co-financement de services publics locaux
- Contribution à des projets sociaux ou environnementaux
5. Intégrer tout cela dans votre reporting RSE
- Décrire les méthodes utilisées
- Justifier les priorités
- Montrer les résultats… mais aussi les limites ou difficultés rencontrées
Pourquoi les PME sont aussi concernées
Même à petite échelle, une PME peut avoir un impact territorial fort :
- En zone rurale : arrivée ou départ d’un site = emploi, flux, activité
- En zone urbaine : nuisances, circulation, cohabitation avec les habitants
- Sur des zones naturelles : pression sur les écosystèmes ou le foncier
L’ESRS S3 permet à ces entreprises de :
- Structurer une écoute locale
- Valoriser leur utilité sociale
- Créer des alliances avec les territoires
- Répondre aux attentes des élus, habitants, clients et financeurs
Conclusion : une entreprise n’est jamais neutre dans son territoire
Avec l’ESRS S3, la CSRD introduit une nouvelle exigence : celle de reconnaître l’ancrage social d’une entreprise, et d’en assumer les conséquences. Ses décisions économiques ont des répercussions humaines concrètes, locales, souvent invisibles… mais réelles.
Ce reporting social élargi permet de sortir d’une vision technocratique de la RSE pour y réintroduire de l’humain, du dialogue, du lien. Celui-ci transforme les parties prenantes en partenaires et incite à la co-construction. Il renforce également la légitimité territoriale de l’entreprise.
Pour les TPE/PME, cette norme est un levier stratégique : elle permet de valoriser l’impact local positif, de prévenir les conflits, de bâtir une image de marque territoriale forte. En clair, de devenir un acteur reconnu et respecté dans son écosystème.
La performance durable ne s’évalue plus uniquement à l’échelle de l’entreprise, mais à celle de son impact global : sur les hommes, les territoires, les équilibres sociaux. L’ESRS S3 est une formidable opportunité de faire émerger cette vision systémique, concrète et responsable de l’entreprise d’aujourd’hui.
Nous avons résumé cette norme dans une fiche pédagogique pensée pour les TPE/PME. Vous y trouverez une méthode claire, des indicateurs concrets et des pistes pour structurer un dialogue territorial constructif.
👉 Téléchargez la fiche “ESRS S3 – Communautés affectées” et engagez votre entreprise dans une RSE plus ancrée, plus humaine, plus responsable.




